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Contes de Sagesse

Montagnes, rencontre, lac

Contes Initiatiques du monde 

« Un jour, un disciple demande à son maître :

« Comment faire face à la souffrance ? »

Le maître lui demande alors d’aller chercher du sel. Quand le disciple revient avec le sel,

le maître lui demande de mélanger une grande cuillère de sel dans un verre d’eau et de boire le verre d’eau.

« Quel goût cela a-t-il ? » demande-t-il.

« C’est salé. » répond le disciple, en faisant une grimace.

Le maître rit de bon cœur et demande au disciple de verser la même quantité de sel dans le lac voisin.

« Maintenant, bois de l’eau du lac. » lui dit-il.

Le disciple obtempère et boit une gorgée de l’eau pure du lac.

Le maître l’interroge à nouveau :

« Quel goût cela a-t-il ? »

« L’eau est fraîche et elle a le goût de la neige. » répond le disciple en faisant un grand sourire.

« As-tu senti le goût du sel ? » demande le maître.

« Non. » répond le disciple.

Le maître lui explique sur un ton empli d’une grande compassion :

« La souffrance que l’on éprouve est représentée par le sel. La quantité de souffrance reste exactement la même.

Cela dit, son degré d’intensité dépend du « contenant » dans lequel tu places ta souffrance.

Aussi, lorsque tu souffres, la seule chose que tu puisses faire est d’élargir ton cœur.

Ton cœur est soit semblable à un verre d’eau soit semblable à un lac ! »

Publié dans « Être »par Padma Hridaya

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Baizi Bei : La tablette aux cent caractères

Pour nourrir l'énergie vitale, veillez en silence ;

Pour maîtriser l'esprit, agir avec le non-agir.

Du mouvement et de l'immobilité, soyez conscient de leur origine ;

Il n'y a pas de travail à faire, encore moins quelqu’un à chercher.

Le vrai et le constant doivent répondre aux phénomènes ;

En répondant aux phénomènes, vous devez être non confus.

Lorsque vous êtes sans confusion, la nature se stabilise d'elle-même ;

Lorsque la nature se stabilise, l'énergie revient d'elle-même.

Lorsque l'énergie revient, l'élixir se cristallise de lui-même ;

Dans le chaudron, les trigrammes kan et li, l’eau et le feu sont réunis.

Le yin et le yang surgissent, alternant encore et encore ;

Chaque transformation se fait comme un coup de tonnerre.

Des nuages blancs se forment et se rassemblent au sommet ;

Le doux nectar arrose le mont Sumeru.

Avalez pour vous-même ce nectar d'immortalité ;

Tu erres si librement, qui pourrait te connaître ?

Assieds-toi et écoute l'air de musique joué sans cordes ;

Comprendre clairement le mécanisme de la création.

Il vient tout entier de ces vingt lignes :

Une véritable échelle qui va droit au ciel.

De L’Immortel Lu Dong Pin, Dynasty Tang 9ème siècle

Statue de Bouddha au coucher du soleil

Tu as égaré ton âme dis-tu ?

Pier Veranese / Déclaration des droits de l’âme insoumise et joyeuse / Collection La mescla

Babu Khayyam, jeune homme, a le sentiment d’avoir égaré son âme dans les méandres d’une vie trop dispersée. Il rencontre alors celui qu’il sera devenu dans six ou sept décennies. Ce lui-même en devenir lui propose alors, tout au long du livre, des voies, des pistes pour renouer avec la partie la plus tendre, insoumise et vivante de son être.

« Lève-toi Babu Khayyam, fils du sable et de la mer.
Il est temps de grandir.
Lève-toi et entends ta propre voix.
Tu as trente ans, j’en ai bientôt cent qui sonnent.
Tu n’as vécu que peu de jours, déjà tu as aimé, goûté tous les plaisirs, connu toutes les tentations. Et tu te demandes où mènent les courants qui soulèvent ta barque.
Je suis celui que tu seras dans quelques décennies.
Ni en avance ni en retard, j’étais en toi au premier jour.


Tu as égaré ton âme dis-tu ? Tu vogues dans ta vie comme un bouchon sans gouverne, malmené par des vents que tu ne comprends pas ?
Séduit par les artifices, trompé par les désirs, tu as commencé d’errer comme le vent sur le sable de tes jours ?


Reprends ta pagaie, Babu Khayyam reviens pêcher avec ceux qui étaient tes amis quand tu étais enfant. Dirige-toi au couchant, ne porte pas ton regard en arrière. Il y a davantage de terres nouvelles à découvrir sur l’océan que tu n’en as parcouru jusqu’ici, davantage de poissons inconnus que tes filets n’en peuvent tenir entre leurs mailles.

Quand à ton errance, Babu Khayyam, rassure-toi : les déserts de l’existence se révèlent souvent plus fertiles que les oasis les mieux irrigués.
Ton âme n’est pas perdue.
C’est toi qui va te perdre, et perdre tous les plaisirs, si tu continues à l’ignorer, elle.

Peut-être t’a t’on enseigné que l’âme a des devoirs. 
Peut-être a t’on omis de te dire qu’elle a aussi des droits inaliénables et que faute d’honorer ces droits, de les pratiquer jour après jour, ton âme pouvait s’absenter de ta vie comme s’évanouit l’argent du matin quand brûle l’or tapageur du plein midi. »

« Prends soin de ta vie, elle est ton unique oeuvre d’art. »

Bow bois

La Voie de l'Arc

Le Kyudo ou la voie de l’arc

Lors d’une session de tir à l’arc dirigée par maître Satoshi Sagino, un élève lui demande :
– Que faut-il faire, et que je ne fais pas, pour que la flèche atteigne la cible ?
Le maître éclate de rire et dit :
– Pourquoi posez-vous la question à l’envers ?

L’élève ne comprend pas et le maître dit :
– C’est une fausse question. La vraie question est :

« Qu’est-ce qui empêche la flèche de percer le centre de la cible ? »
Et dans un nouvel éclat de rire, il ajoute :
– Parce que percer le centre de la cible est la vocation de chaque flèche !

L’élève repose alors la question à l’endroit :
– Qu’est-ce qui empêche que la flèche atteigne le centre de la cible ?

Et maître Sagino répond :
– Deux choses :  Le désir de réussir à tout prix, ou au contraire la crainte d’échouer.

Les empêchements viennent des préoccupations du Moi.
Comment s’en libérer ?
En se consacrant pleinement au tir, sans pensées, sans but, sans désir, sans fierté, sans peur.
Alors le tir se fait dans la liberté de l’être.

Mon maître, Umeji Roshi, disait :
« Si vous faites une chose à fond, vous allez vous transformer de telle façon que tout ce que vous regardez, vous le verrez autrement »

Moines sur un canoë

Conte de sagesse sur la colère

Tchouang -Tseu

Un moine décida de méditer seul, loin de son monastère.

Il décida de prendre une barque pour trouver un coin tranquille et au milieu du lac, il jeta l'ancre, ferma les yeux et commença à méditer.

Après quelques heures de silence, il sentit soudainement le choc d'un autre bateau heurtant le sien.

Les yeux toujours fermés, il commença à respirer la colère, puis la rage.

Il ouvrit alors les yeux, prêt à hurler sur le batelier qui avait si brutalement dérangé sa méditation. Il resta bouche bée : c'était une barque vide qui avait frappé la sienne. L'embarcation s'était probablement détachée et avait dérivé.

Le moine comprit que le moindre choc de l'extérieur suffisait à ce qu'il se mette, tout seul, hors de lui. Dès lors, chaque fois qu'il rencontrait quelqu'un qui l'irritait ou provoquait sa colère, il se souvenait : « Cette colère est la mienne. L'autre n'est qu'un bateau vide. 

Un moine méditant

La Coupe est pleinne

Pier Veranese

Un moine convie l’un de ses disciples à prendre le thé. Lorsque le disciple arrive, il découvre sur la table une théière et une élégante tasse de porcelaine. Sans dire un mot, le moine commence à verser du thé dans la tasse du disciple.
Il verse jusqu’à ce que la tasse soit pleine, mais ensuite, étrangement, il continue à verser. Bientôt le thé se répand sur la table, puis sur le sol de la terrasse. Et pourtant il continue à verser.


Le disciple demande incrédule : »Mais que faites-vous maître ? »
« Une leçon essentielle pour ton apprentissage », répond calmement le moine. « La plupart des gens ressemblent beaucoup à cette tasse. »
« Comment-cela ? » demande alors  le disciple.
« Eh bien, tout comme cette tasse, ils sont pleins à ras bord. Ils se sont tellement rempli l’esprit de leurs opinions, de leurs idées, et de leurs préjugés, qu’il n’y a plus de place pour autre chose. Et à notre époque où les choses changent très rapidement, où les gens doivent constamment apprendre de nouvelles notions et se doter de nouvelles habiletés, c’est préjudiciable. »
« Et quelle est la solution, maître ? »
« C’est simple, ils doivent vider leurs tasses. Ils doivent être constamment réceptifs aux nouvelles connaissances. Ils doivent se percevoir constamment comme des étudiants perpétuels, quel que soit leurs connaissances. »

Papillon

Le rêve du papillon

Extrait de Contes des sages taoïstes - Pascal Fauliot

Par une bel après-midi noyé de soleil, un dignitaire s'était aventuré sur les sentiers escarpés de la vallée profonde où Tchouang-tseu avait élu domicile. La mandarin, brillant lettré qui avait passé tous les degrés des examens et obtenu un post e de conseiller auprés du roi de Wou, voulait poser au vieux maître une question sur le Tao, dans l'espoir de respirer l'effluve de l'Indicible.

La chaumière était déserte, la porte grande ouverte. Des traces de sandales, toutes fraîches, menaient à une prairie pentue. Le dignitaire les suivit et il découvrit Tchouang-tseu endormi à l'ombre d'un vieil arbre noueux, la tête sur un coussin de fleurs des champs. Le lettré toussota et les sage ouvrit les yeux.

- Ô Maître, pardonnez-moi de troubler votre repos. Je viens de fort loin vous interroger sur le Tao.

- Je ne sais pas si je pourrai répondre répondit Tchouang-tseu en se frottant les yeux.

- Vénérable, votre modestie vous honore.

- Cela n'a rien à voir, non. A vrai dire, je ne sais plus rien. Je ne sais même plus qui je suis!

- Comment est-ce possible? demanda le mandarin interloqué.

- Oh c'est très simple, reprit le vieux taoïste, l'air songeur. Figurez-vous que tout à l'heure, en dormant, j'ai fait un rêve étrange. J'étais un papillon voltigeant, ivre de lumière et du parfum des fleurs. Et maintenant, je ne sais plus si je suis Tchouang-tseu ayant rêvé qu'il était un papillon ou un papillon qui rêve qu'il était Tchouang-tseu !

E t le conseiller du Roi de Wou, bouche bée s'inclina profondément et retourna sur ses pas, ruminant cette parole énigmatique dans l'espoir d'en tirer le suc.

Bénédiction

Que le soleil t'apporte de nouvelles énergies le jour.

Que la lune puisse doucement te rétablir la nuit.

Que la pluie lave tes soucis.

Que la brise souffle de nouvelle forces en toi.

Puisse-tu marcher doucement a travers le monde.

Et raconter sa beauté tous les jours de ta vie.

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