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Contes de Sagesse

du Monde

Le trou des grenouilles

Il était une fois un grand groupe de grenouilles qui allait toujours s’amuser dans la forêt. Elles chantaient toutes et elles sautaient jusqu’à ce que tombe la nuit. Elles riaient beaucoup et étaient inséparables.

Un jour, lors de leur sortie habituelle, elles allèrent découvrir une nouvelle forêt. Elles étaient en train de s’amuser lorsque trois d’entre elles tombèrent dans un trou profond qu’aucune d’entre elles n’avait remarqué. Les autres grenouilles étaient choquées. Elles regardèrent au fond du trou et virent qu’il était trop profond. “Nous les avons perdues”, dirent-elles.

Les trois grenouilles au fond du trou essayèrent de remonter en escaladant la paroi, mais c’était trop difficile. Elles avançaient à peine d’un mètre et tombaient à nouveau. Les autres commencèrent à dire que leurs efforts étaient inutiles. Comment pourraient-elles escalader une paroi aussi haute ? Il valait mieux qu’elles abandonnent. Il n’y avait rien d’autre à faire.

Deux des grenouilles entendirent ces commentaires et se mirent à abandonner. Elles pensaient que les autres avaient raison. La troisième grenouille, en revanche, continuait à monter et à tomber. Après quelques heures, elle réussit à remonter à la surface. Les autres étaient stupéfaites. L’une d’elles lui demanda :

“Comment as-tu réussi ?”. La grenouille ne répondit pas. Elle était sourde.

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Sagesse taoïste

Ferme les yeux et tu verras clairement.

Cesse d'écouter et tu entendras la vérité.

Sois silencieux et ton cœur chantera.

Ne cherche pas le contact et tu trouveras l'union.

Sois immobile et tu avanceras sur la vague de l'esprit.

Sois doux et tu n'auras pas besoin de force.

Sois patient et tu atteindras toute chose.

Sois humble et tu resteras complet.

Chevaux sauvages en noir et blanc

Conte de Sagese de Lao Tseu

 

Un pauvre paysan chinois travaillait dur. Il était aidé dans les travaux des champs par son fils. Un jour, rassemblant toutes ses économies, il partit au marché acheter une bête pour soulager leur labeur. Il ramena un superbe cheval blanc pour tirer la charrette, rentrer les récoltes, rapporter le bois et faire bien d’autres tâches encore. Ce qui satisfaisait les deux hommes.

Leur voisin voyant cela se montra jaloux et proposa au pauvre paysan d’acheter le cheval.

Le paysan répondit : « Ce cheval est beaucoup plus qu’un animal pour moi, c’est un ami, je ne veux pas le vendre. »

Un jour, le cheval sauta au-dessus de la clôture et disparut.

Le voisin passant devant l’écurie vide dit au fermier : « C’était prévisible qu’on volerait cette bête ! Pourquoi ne me l’avez-vous pas vendue ? Vous n’avez pas de chance ! ».

Le paysan se montra plus circonspect : « N’exagérons rien dit-il. Le cheval ne se trouve plus dans l’écurie, c’est un fait ! Tout le reste n’est qu’une question d’appréciation de votre part. Comment savoir si c’est une chance ou une malchance ? Nous ne connaissons qu’un fragment de l’histoire. Qui sait ce qu’il adviendra? ».

Le voisin se moquait du vieil homme. Il le considérait depuis longtemps comme un simple d’esprit.

Le fermier n’étant pas assez riche pour s’acheter un autre cheval, il continua de travailler dur avec son fils. Quinze jours plus tard, le cheval revint. Il n’avait pas été volé ; il s’était tout simplement mis au vert et ramenait une douzaine de chevaux sauvages de son escapade.

Le voisin du fermier vint lui rendre visite : « Vous aviez raison, ce n’était pas un vol. Vous avez de la chance! » .

« Je n’irais pas jusque-là » dit le paysan. « Je me contenterais de dire que mon cheval est revenu. Comment savoir si c’est une chance ou une malchance ? »

Le paysan demanda à son fils de dresser les étalons sauvages, ce qu’il entreprit. Au cours d’une séance de dressage, un des chevaux jeta son cavalier à terre et le piétina, lui cassant une jambe.

Le voisin vint une fois de plus donner son avis : « Pauvre ami, vous n’avez pas de chance, voici que votre fils unique est estropié. Qui donc vous aidera pour les travaux de la ferme ? Vous êtes vraiment à plaindre. »

« Voyons, » rétorqua le paysan, « n’allez pas si vite. Mon fils a perdu l’usage de sa jambe, c’est tout. Qui peut dire ce que cela nous apportera? Nul ne peut prédire l’avenir ».

Quelque temps plus tard, la guerre éclata. Tous les jeunes hommes du village furent enrôlés dans l’armée, sauf le fils du pauvre paysan qui était invalide.

« Vieil homme, » se lamenta le voisin, vous aviez raison ; « votre fils ne peut plus marcher, mais il reste auprès de vous, tandis que nos fils vont se faire tuer à la guerre. »

« Je vous en prie » répondit le paysan, « ne jugez pas hâtivement. Vos jeunes sont enrôlés dans l’armée, le mien reste à la maison, c’est tout ce que nous puissions dire. Est-ce un bien ou un mal? Qui peut le dire ? »

«Les choses ne changent pas. Change ta façon de les voir, cela suffit.»

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Conte Initiatique du monde 

« Un jour, un disciple demande à son maître :

« Comment faire face à la souffrance ? »

Le maître lui demande alors d’aller chercher du sel. Quand le disciple revient avec le sel,

le maître lui demande de mélanger une grande cuillère de sel dans un verre d’eau et de boire le verre d’eau.

« Quel goût cela a-t-il ? » demande-t-il.

« C’est salé. » répond le disciple, en faisant une grimace.

Le maître rit de bon cœur et demande au disciple de verser la même quantité de sel dans le lac voisin.

« Maintenant, bois de l’eau du lac. » lui dit-il.

Le disciple obtempère et boit une gorgée de l’eau pure du lac.

Le maître l’interroge à nouveau :

« Quel goût cela a-t-il ? »

« L’eau est fraîche et elle a le goût de la neige. » répond le disciple en faisant un grand sourire.

« As-tu senti le goût du sel ? » demande le maître.

« Non. » répond le disciple.

Le maître lui explique sur un ton empli d’une grande compassion :

« La souffrance que l’on éprouve est représentée par le sel. La quantité de souffrance reste exactement la même.

Cela dit, son degré d’intensité dépend du « contenant » dans lequel tu places ta souffrance.

Aussi, lorsque tu souffres, la seule chose que tu puisses faire est d’élargir ton cœur.

Ton cœur est soit semblable à un verre d’eau soit semblable à un lac ! »

Publié dans « Être »par Padma Hridaya

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Conte Soufi

Il était une fois un vieil homme assis à l’entrée d’une ville.

Un voyageur s’approcha de lui et lui dit :

« Je ne suis jamais venu ici. Comment sont les gens dans cette ville ? ».

Le vieil homme lui répondit par une question :

« Comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ? ».

« Egoïstes et méchants, c’est la raison pour laquelle j’étais bien content de partir », dit le jeune homme.

Le vieillard répondit :

« tu trouveras les mêmes gens ici ».

Un peu plus tard, un autre voyageur lui posa la même question :

« Je viens d’arriver dans la région. Comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? »

Le vieil homme répondit encore une fois par la même question :

« dis-moi mon garçon, comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ? »

" Ils étaient aimables et accueillants. J’avais de bons amis et j’ai eu du mal à les quitter," répondit le jeune voyageur.

"Tu trouveras ici les mêmes, répondit le vieil homme."

Un homme assis tout près de là et qui avait tout entendu s’étonna auprès du vieux sage de ses réponses différentes.

Ce dernier répondit :

« Chacun porte en lui sa vision du monde. Et celui qui ouvre son cœur change aussi son regard sur les autres. »

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Tu as égaré ton âme dis-tu ?

Pier Veranese / Déclaration des droits de l’âme insoumise et joyeuse / Collection La mescla

Babu Khayyam, jeune homme, a le sentiment d’avoir égaré son âme dans les méandres d’une vie trop dispersée. Il rencontre alors celui qu’il sera devenu dans six ou sept décennies. Ce lui-même en devenir lui propose alors, tout au long du livre, des voies, des pistes pour renouer avec la partie la plus tendre, insoumise et vivante de son être.

« Lève-toi Babu Khayyam, fils du sable et de la mer.
Il est temps de grandir.
Lève-toi et entends ta propre voix.
Tu as trente ans, j’en ai bientôt cent qui sonnent.
Tu n’as vécu que peu de jours, déjà tu as aimé, goûté tous les plaisirs, connu toutes les tentations. Et tu te demandes où mènent les courants qui soulèvent ta barque.
Je suis celui que tu seras dans quelques décennies.
Ni en avance ni en retard, j’étais en toi au premier jour.


Tu as égaré ton âme dis-tu ? Tu vogues dans ta vie comme un bouchon sans gouverne, malmené par des vents que tu ne comprends pas ?
Séduit par les artifices, trompé par les désirs, tu as commencé d’errer comme le vent sur le sable de tes jours ?


Reprends ta pagaie, Babu Khayyam reviens pêcher avec ceux qui étaient tes amis quand tu étais enfant. Dirige-toi au couchant, ne porte pas ton regard en arrière. Il y a davantage de terres nouvelles à découvrir sur l’océan que tu n’en as parcouru jusqu’ici, davantage de poissons inconnus que tes filets n’en peuvent tenir entre leurs mailles.

Quand à ton errance, Babu Khayyam, rassure-toi : les déserts de l’existence se révèlent souvent plus fertiles que les oasis les mieux irrigués.
Ton âme n’est pas perdue.
C’est toi qui va te perdre, et perdre tous les plaisirs, si tu continues à l’ignorer, elle.

Peut-être t’a t’on enseigné que l’âme a des devoirs. 
Peut-être a t’on omis de te dire qu’elle a aussi des droits inaliénables et que faute d’honorer ces droits, de les pratiquer jour après jour, ton âme pouvait s’absenter de ta vie comme s’évanouit l’argent du matin quand brûle l’or tapageur du plein midi. »

« Prends soin de ta vie, elle est ton unique oeuvre d’art. »

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Baizi Bei : La tablette aux cent caractères

Pour nourrir l'énergie vitale, veillez en silence ;

Pour maîtriser l'esprit, agir avec le non-agir.

Du mouvement et de l'immobilité, soyez conscient de leur origine ;

Il n'y a pas de travail à faire, encore moins quelqu’un à chercher.

Le vrai et le constant doivent répondre aux phénomènes ;

En répondant aux phénomènes, vous devez être non confus.

Lorsque vous êtes sans confusion, la nature se stabilise d'elle-même ;

Lorsque la nature se stabilise, l'énergie revient d'elle-même.

Lorsque l'énergie revient, l'élixir se cristallise de lui-même ;

Dans le chaudron, les trigrammes kan et li, l’eau et le feu sont réunis.

Le yin et le yang surgissent, alternant encore et encore ;

Chaque transformation se fait comme un coup de tonnerre.

Des nuages blancs se forment et se rassemblent au sommet ;

Le doux nectar arrose le mont Sumeru.

Avalez pour vous-même ce nectar d'immortalité ;

Tu erres si librement, qui pourrait te connaître ?

Assieds-toi et écoute l'air de musique joué sans cordes ;

Comprendre clairement le mécanisme de la création.

Il vient tout entier de ces vingt lignes :

Une véritable échelle qui va droit au ciel.

De L’Immortel Lu Dong Pin, Dynasty Tang 9ème siècle

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La Voie de l'Arc

Le Kyudo ou la voie de l’arc

Lors d’une session de tir à l’arc dirigée par maître Satoshi Sagino, un élève lui demande :
– Que faut-il faire, et que je ne fais pas, pour que la flèche atteigne la cible ?
Le maître éclate de rire et dit :
– Pourquoi posez-vous la question à l’envers ?

L’élève ne comprend pas et le maître dit :
– C’est une fausse question. La vraie question est :

« Qu’est-ce qui empêche la flèche de percer le centre de la cible ? »
Et dans un nouvel éclat de rire, il ajoute :
– Parce que percer le centre de la cible est la vocation de chaque flèche !

L’élève repose alors la question à l’endroit :
– Qu’est-ce qui empêche que la flèche atteigne le centre de la cible ?

Et maître Sagino répond :
– Deux choses :  Le désir de réussir à tout prix, ou au contraire la crainte d’échouer.

Les empêchements viennent des préoccupations du Moi.
Comment s’en libérer ?
En se consacrant pleinement au tir, sans pensées, sans but, sans désir, sans fierté, sans peur.
Alors le tir se fait dans la liberté de l’être.

Mon maître, Umeji Roshi, disait :
« Si vous faites une chose à fond, vous allez vous transformer de telle façon que tout ce que vous regardez, vous le verrez autrement »

Moines sur un canoë

Conte de sagesse sur la colère

Tchouang -Tseu

Un moine décida de méditer seul, loin de son monastère.

Il décida de prendre une barque pour trouver un coin tranquille et au milieu du lac, il jeta l'ancre, ferma les yeux et commença à méditer.

Après quelques heures de silence, il sentit soudainement le choc d'un autre bateau heurtant le sien.

Les yeux toujours fermés, il commença à respirer la colère, puis la rage.

Il ouvrit alors les yeux, prêt à hurler sur le batelier qui avait si brutalement dérangé sa méditation. Il resta bouche bée : c'était une barque vide qui avait frappé la sienne. L'embarcation s'était probablement détachée et avait dérivé.

Le moine comprit que le moindre choc de l'extérieur suffisait à ce qu'il se mette, tout seul, hors de lui. Dès lors, chaque fois qu'il rencontrait quelqu'un qui l'irritait ou provoquait sa colère, il se souvenait : « Cette colère est la mienne. L'autre n'est qu'un bateau vide. 

Un moine méditant

La Coupe est pleinne

Pier Veranese

Un moine convie l’un de ses disciples à prendre le thé. Lorsque le disciple arrive, il découvre sur la table une théière et une élégante tasse de porcelaine. Sans dire un mot, le moine commence à verser du thé dans la tasse du disciple.
Il verse jusqu’à ce que la tasse soit pleine, mais ensuite, étrangement, il continue à verser. Bientôt le thé se répand sur la table, puis sur le sol de la terrasse. Et pourtant il continue à verser.


Le disciple demande incrédule : »Mais que faites-vous maître ? »
« Une leçon essentielle pour ton apprentissage », répond calmement le moine. « La plupart des gens ressemblent beaucoup à cette tasse. »
« Comment-cela ? » demande alors  le disciple.
« Eh bien, tout comme cette tasse, ils sont pleins à ras bord. Ils se sont tellement rempli l’esprit de leurs opinions, de leurs idées, et de leurs préjugés, qu’il n’y a plus de place pour autre chose. Et à notre époque où les choses changent très rapidement, où les gens doivent constamment apprendre de nouvelles notions et se doter de nouvelles habiletés, c’est préjudiciable. »
« Et quelle est la solution, maître ? »
« C’est simple, ils doivent vider leurs tasses. Ils doivent être constamment réceptifs aux nouvelles connaissances. Ils doivent se percevoir constamment comme des étudiants perpétuels, quel que soit leurs connaissances. »

Papillon

Le rêve du papillon

Extrait de Contes des sages taoïstes - Pascal Fauliot

Par une bel après-midi noyé de soleil, un dignitaire s'était aventuré sur les sentiers escarpés de la vallée profonde où Tchouang-tseu avait élu domicile. La mandarin, brillant lettré qui avait passé tous les degrés des examens et obtenu un post e de conseiller auprés du roi de Wou, voulait poser au vieux maître une question sur le Tao, dans l'espoir de respirer l'effluve de l'Indicible.

La chaumière était déserte, la porte grande ouverte. Des traces de sandales, toutes fraîches, menaient à une prairie pentue. Le dignitaire les suivit et il découvrit Tchouang-tseu endormi à l'ombre d'un vieil arbre noueux, la tête sur un coussin de fleurs des champs. Le lettré toussota et les sage ouvrit les yeux.

- Ô Maître, pardonnez-moi de troubler votre repos. Je viens de fort loin vous interroger sur le Tao.

- Je ne sais pas si je pourrai répondre répondit Tchouang-tseu en se frottant les yeux.

- Vénérable, votre modestie vous honore.

- Cela n'a rien à voir, non. A vrai dire, je ne sais plus rien. Je ne sais même plus qui je suis!

- Comment est-ce possible? demanda le mandarin interloqué.

- Oh c'est très simple, reprit le vieux taoïste, l'air songeur. Figurez-vous que tout à l'heure, en dormant, j'ai fait un rêve étrange. J'étais un papillon voltigeant, ivre de lumière et du parfum des fleurs. Et maintenant, je ne sais plus si je suis Tchouang-tseu ayant rêvé qu'il était un papillon ou un papillon qui rêve qu'il était Tchouang-tseu !

E t le conseiller du Roi de Wou, bouche bée s'inclina profondément et retourna sur ses pas, ruminant cette parole énigmatique dans l'espoir d'en tirer le suc.

Bénédiction

Que le soleil t'apporte de nouvelles énergies le jour.

Que la lune puisse doucement te rétablir la nuit.

Que la pluie lave tes soucis.

Que la brise souffle de nouvelle forces en toi.

Puisse-tu marcher doucement a travers le monde.

Et raconter sa beauté tous les jours de ta vie.

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